Il y a encore une dizaine d’années, l’entrepreneur qui souhaitait lancer son entreprise se retrouvait souvent devant une montagne de difficultés lorsqu’il s’agissait de lever des fonds. Aujourd’hui, la tendance est à la démocratisation du financement entrepreneurial grâce au crowdfunding, ou financement participatif. Ce phénomène, en pleine effervescence, bouleverse les codes traditionnels de financement des entreprises et semble offrir une alternative solide aux modes de financement classiques.
Le crowdfunding, qu’est-ce que c’est ? Ce modèle de financement, venu des Etats-Unis, permet aux porteurs de projets de collecter des fonds directement auprès du grand public. La mécanique est simple : l’entrepreneur présente son projet sur une plateforme en ligne dédiée, fixe un objectif de financement et une durée de collecte. Les contributeurs – qui peuvent être n’importe qui – donnent de l’argent pour soutenir le projet. En échange, ils reçoivent une contrepartie qui peut être symbolique, en nature, ou financière.
Crowdfunding: une communauté et des fonds
Avec le crowdfunding, l’entrepreneur trouve non seulement des fonds, mais aussi une communauté. Il bénéficie ainsi d’un double avantage. D’une part, il a accès à un financement qui, bien que limité, peut lui permettre de lancer son entreprise. D’autre part, il crée une base de clients potentiels qui sont déjà impliqués dans son projet.
La popularité croissante de ce mode de financement est sans aucun doute liée à la crise financière de 2008. A l’époque, les banques se montraient réticentes à financer les projets d’entrepreneurs, surtout lorsqu’ils étaient innovants. Aujourd’hui, bien que la situation se soit améliorée, le crowdfunding représente toujours une solution de financement attractive, d’autant plus qu’il permet d’impliquer le public dans la création d’une entreprise.
Le succès des plateformes et les défis à relever
Le succès des plateformes de crowdfunding est un autre indicateur de l’attrait de ce mode de financement. Kickstarter, Indiegogo, Ulule, KissKissBankBank… Les noms ne manquent pas, et chacun a ses particularités.
Certaines se concentrent sur les projets créatifs, d’autres sur les projets sociaux, et d’autres encore sur les projets d’entreprise. Selon le site spécialisé Crowdfunding.com, le volume global de financement participatif devrait atteindre 300 milliards de dollars en 2025, contre 34 milliards en 2015.
Cependant, le crowdfunding n’est pas exempt de défis. D’une part, il y a la question de la confiance. Comment s’assurer que l’argent collecté sera utilisé à bon escient ? Comment vérifier la crédibilité de l’entrepreneur et de son projet ?
Les plateformes de crowdfunding ont mis en place des mécanismes de contrôle pour répondre à ces questions, mais la confiance reste un élément clé de ce mode de financement. D’autre part, le crowdfunding reste un mode de financement limité.
En moyenne, les projets financés par crowdfunding récoltent quelques dizaines de milliers d’euros, loin des sommes nécessaires pour lancer une entreprise à grande échelle. Pour pallier à cela, de nombreuses start-ups combinent aujourd’hui financement participatif et levées de fonds traditionnelles auprès d’investisseurs institutionnels.
Le crowdequity : une nouvelle piste ?
Le crowdequity, une forme de crowdfunding où les contributeurs deviennent actionnaires de l’entreprise, pourrait offrir une solution. En effet, cette forme de financement permet de collecter des sommes plus importantes tout en donnant une véritable légitimité à l’entreprise. Cependant, elle pose aussi de nouvelles questions, notamment en termes de gouvernance et de gestion des actionnaires.
Le crowdfunding est donc une voie prometteuse pour le financement des créateurs d’entreprise. Il permet de donner vie à des projets qui, faute de financement, n’auraient peut-être jamais vu le jour. Il donne aussi l’opportunité aux entrepreneurs de créer une communauté autour de leur projet et de tester leur idée avant de se lancer à grande échelle. Enfin, il contribue à démocratiser l’accès au financement entrepreneurial, en donnant à chacun la possibilité de soutenir les projets qui lui tiennent à cœur.
Cependant, comme toute innovation, le crowdfunding doit encore faire ses preuves. Il doit notamment trouver un équilibre entre la nécessaire protection des contributeurs et la liberté d’entreprendre des porteurs de projets. Il doit aussi prouver qu’il peut financer des projets de grande envergure, et pas seulement des initiatives à petite échelle.
Vers une redéfinition du financement entrepreneurial ?
Le crowdfunding est sans doute une des illustrations les plus frappantes de l’évolution du financement entrepreneurial. Il montre que le financement des entreprises n’est plus l’apanage des banques et des fonds d’investissement, mais qu’il peut aussi être le fait de particuliers enthousiastes et engagés. Il est une nouvelle illustration de la manière dont le numérique bouscule les codes traditionnels et ouvre de nouvelles voies pour l’entrepreneuriat.
En conclusion, le crowdfunding représente un formidable levier de financement pour les créateurs d’entreprise. Bien qu’il présente encore certaines limites et des défis à relever, son potentiel est indéniable. En créant une connexion directe entre entrepreneurs et investisseurs du quotidien, il pourrait bien redéfinir les contours du financement entrepreneurial dans les années à venir.